Suivant acte notarié du 31 mai 2006, une personne est devenue l'unique propriétaire d'une parcelle sur laquelle son conjoint s'est réservé un droit d'usage et d'habitation conjointement avec celle-ci. Après la séparation du couple, madame a assigné son mari en partage.
La cour d'apppel relève que le mari est, avec la femme, coïndivisaire d'un droit d'usage et d'habitation sur l'immeuble et ordonnent l'ouverture des opérations de comptes, liquidation et partage de l'indivision.
Le mari forme un pourvoi en soulevant le moyen selon lequel l'indivision s'entend de la coexistence de droits de même nature sur un même bien ; que le droit d'usage et d'habitation n'est pas de même nature que le droit de jouissance du propriétaire"et que la nature particulière du droit d'usage et d'habitation qui se déduit de son caractère personnel exclut qu'il puisse y avoir indivision entre plusieurs titulaires d'un droit d'usage et d'habitation portant sur un même bien.
La Cour de cassation, par l'arrêt en référence, rappelle que l"l'indivision s'entend de la coexistence de droits de même nature sur un même bien ; qu'elle peut ne porter que sur une partie des droits des intéresséset que le droit d'usage et d'habitation est, au même titre que l'usufruit, un démembrement du droit de propriété donnant à son titulaire, pour ses besoins et ceux de sa famille, un droit de jouissance limité à l'usage et l'habitation ; nonobstant son caractère personnel, ce droit est un droit réel conférant à son titulaire un droit de jouissance plus limité que celui de l'usufruitier.
Elle ajoute que le propriétaire d'un bien, qui a le droit de jouir de son bien de la façon la plus absolue, dispose de droits concurrents avec le titulaire d'un droit d'usage et d'habitation s'exerçant conjointement sur le bien et qu'il existe par conséquent une indivision entre eux quant à ce droit d'usage et d'habitation".
Dès lors, par l'effet de l'acte du 31 mai 2006, madame est propriétaire du bien, titulaire en cette qualité d'un droit d'usage et d'habitation concurrent de celui que s'est réservé monsieur sur les parts licitées.
Par conséquent, la cour d'appel en a exactement déduit que les parties se trouvaient en indivision quant au droit d'usage et d'habitation et en application de l'art. 817 du Code civil, elle pouvait en demander le partage.
- Cass. Civ. 3e, 7 juillet 2016, pourvoi n° 15-10.278, rejet, publié au Bull.