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Le 08 mars 2008
Par un arrêt prononcé le 5 mars 2008, la chambre sociale de la Cour de cassation précise les limites du droit dexpression dun syndicat sur son site internet. Un syndicat avait diffusé sur son site internet des informations relatives à une société. Estimant que certaines de ces informations, qui portaient sur sa rentabilité et les négociations salariales, étaient confidentielles, la société a assigné le syndicat en référé pour en obtenir la suppression. Pour débouter lentreprise de sa demande, la Cour dappel de Paris a considéré que le syndicat, comme tout citoyen, avait un droit dexpression libre et quil nétait pas lié par les obligations de confidentialité pesant sur les salariés, les membres du comité dentreprise ou les experts du comité (des rapports de lexpert comptable du comité avait été mis en ligne), dès lors que lui-même navait aucun lien avec lentreprise. Dans son arrêt, la chambre sociale censure cette décision. Elle retient, dune part, que selon le paragraphe 2 de larticle 10 de la Convention de sauvegarde des droits de lhomme et des libertés fondamentales, des restrictions peuvent être prévues par la loi lorsquelles sont nécessaires à la protection des droits dautrui, notamment pour empêcher la divulgation dinformations confidentielles, à la condition dêtre proportionnées au but légitime poursuivi, dautre part, que larticle 1 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 "pour la confiance dans léconomie numérique", dont elle fait pour la première fois application, dispose que lexercice de la communication électronique peut être limitée dans la mesure requise notamment par la protection de la liberté et de la propriété dautrui. Elle en déduit que si un syndicat a le droit de communiquer librement des informations au public sur un site Internet, cette liberté peut être limitée dans la mesure de ce qui est nécessaire pour éviter la divulgation dinformations confidentielles portant atteinte aux droits des tiers.Source: - Cour de cassation, Chambre sociale, 5 mars 2008 (arrêt n° 433) et communiqué (Service de documentation et d'études de la Cour de cassation)